Noir de monde

Noir de monde

[Détail 1][Détail 2][Détail 3][Détail 4][Détail 5]

Cette foule était-elle dangereuse ? On ne peut jamais savoir. Le groupe le plus paisible, une fois mis en branle, se transformera en populace haineuse. Une foule, comme un essaim, a sa propre intelligence, mais la rationalité n’est pas additive.

Ils marchaient vers les murs de la ville, en une masse compacte, d’un calme inhabituel pour un tel nombre – dix mille peut-être. Ni chants, ni drapeaux, ni poings levés, ni armes. Ni rangs ordonnés, ni traînards. Les frontières du groupe étaient bien définies, quoique changeantes, une tâche d’encre rampant comme une amibe, rapidement, sans but annoncé.

Derrière les meutrières des tours de garde, à l'abri de nos baïonnettes, nous attendions les ordres. Nous ne savions rien. Nous n'étions rien censé savoir. Charger, armer, tirer, c'était tout.

Ils nous ressemblaient. Ils avaient nos vêtements, nos visages. Femmes et hommes, vieux et jeunes, et quelques enfants. Leurs chiens étaient pareils aux nôtres, en plus maigres. Nous avions

Chapitre
informations sur l'image Précédent Sommaire Suivant English version
tran@inapg.inra.fr