La propreté, dit-on, est mère de toutes les vertus. Je me tiens propre. Je me lave les dents, j'inspecte mon corps. Cela prend beaucoup de temps. J'ai un vaste corps, des sillons profonds, de longues étendues plates, des promontoires et des collines, toute une géographie à frotter. Je me moque des habitants. Je leur envoie des tremblements de terre et des lames de fond, des glissements de terrain et des inondations, de la grêle et des bombes de lave. Des geysers d'eau brûlante s'échappent des pores de ma peau. A l'aube, des villes desquamées s'écroulent sous un coton imbibé d'alcool parfumé. Je ne laisse que des ruines, des populations fuyant la terreur de ma guerre rafraîchissante. Et lentement j'émerge, un être du matin bâti sur la destruction de la crasse quotidienne. Un soleil de bienvenue me salue à travers les persiennes, oublieux des dévastations. Tous les jours, je quitte ma salle de bain dans un état de

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