Après une courte délibération, le verdict est tombé. Lou sera privé de miroirs pour cinq ans, et pendant cinq autres années il devra demander une autorisation à son contrôleur judiciaire avant de pouvoir se regarder dans une glace. Ses femmes sont sorties de l'audience au bras de leurs avocats, tout le monde chantant à tue-tête. La fête s'est poursuivie dans les lambris, et, faut-il le préciser ?, entre les miroirs, d'un grand restaurant du centre ville. Lou, lui, est sorti par la porte de service, laissant son défenseur affronter seul les journalistes. Me Leporc a décrit son client comme "profondément meurtri par cette injustice flagrante", mais n'a pas indiqué s'il comptait faire appel. Les questions que se posent aujourd'hui tous les commentateurs sont les suivantes. Lou, le séducteur aux dix mille conquêtes, supportera-t-il d'être sevré de sa propre image ? Dans quelle mesure cette vigueur incroyable, qu'il tirait de cette contemplation quotidienne, survivra-t-elle à cinq longues années de privation ? Et surtout, ses épouses - et ses maîtresses, qui n'ont pu porter plainte pour des raisons légales - retrouveront-elles avec le temps la part de jeunesse qu'il leur a, pour ainsi dire, vampirisé ? Il y en a pour dire que ce diable d'homme, loin d'être abattu par

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