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Contes et Légendes du Vietnam


Âu-Co et Lac-Long-Quân


Comme toute vieille nation, le vietnam a sa légende, sa toute première légende qui fait remonter les origines de la race dans la nuit des temps.

A en croire les Annales, le roi Lac-Long, illustre descendant des Hông-Bàng, de la lignée des dragons (animal fabuleux des mers du Sud et considéré comme le totem majeur des premiers Viêt) se maria avec une immortelle, nommée Au-Co, descendante des génies de la montagne. De cette union, naquirent cent garçons tous beaux et forts.

Après cet heureux événement, le prince et la fée, conscients de la fugacité de l’existence et de la brièveté inéluctable du bonheur humain, résolurent de se quitter.

Au-Co partit alors vers la montagne avec cinquante de leurs enfants. Les autres suivirent leur père vers les rivages des mers du Sud.

Cette dissémination permit la naissance des CENT principautés Viêt (Bach Viêt), réparties sur une zone très vaste comprise entre le Fleuve Bleu au Nord, le Champa au Sud, la mer de Chine à l'Est et le Tseu Tchouan à l'Ouest.

De toutes ces principautés, la plus dynamique et la mieux organisée semblait être le

Lac-Viêt, ou Van-Lang, littéralement le Pays des lettrés, dont l’étendue correspondait à l'actuel Nord Vietnam et à la partie septentrionale du Centre Vietnam.

En 257 avant JC, le roi An-Duong, descendant des Thuc régnant sur le royaume de Tây-Au, l'actuel Yunnan, furieux de s'être vu refuser la main d'une princesse vietnamienne, leva -une armée et entreprit l'annexion du Lac-Viêt. Il en fit le royaume de Au-Lac, (raccourci de Tây-Au et Lac-Viêt).

Le roi An-Duong régna jusqu'en 208 avant JC grâce à la protection d'une citadelle en forme de spirale, appelée Loa-Thành, construite avec le concours divin de la Tortue d'Or, qui dota l'armée vietnamienne d'une arbalète à tir automatique, et dont la gâchette est constituée par une griffe offerte par la Torture elle-même. En 258, Le Général Triêu-Dà (Tchao-To), qui régnait sur le Nam-Viêt, une des cent principautés Viêt de la zone côtière, et située au Nord-Est de l'actuel Tonkin, soumit le royaume d'Au-Lac, grâce à un subterfuge matrimonial. Un semblant de mariage entre son fils Trong-Thuy et la Princesse My-Châu, fille du roi An-Duong, permit d'abord la subtilisation de la fameuse gâchette, et ensuite la conquête de la citadelle aux neuf enceintes, réputée jusqu'alors inexpugnable.

La dynastie des Triêu régna jusqu'en 111 avant JC, date d'établissement de la première domination chinoise.



Les autres légendes



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La Légende My-Châu, Trong-Thuy

(#)
Musique et paroles: Lê Mông Nguyên

Arrangement: Dang Huu Phuc

Support: Album CD "Quynh-Tu, Vietnam:
Passions et Rêves"
"Anh và Em, voi Nui voi Sông"

Le titre en Vietnamien de l'album que Huyên Tôn Nu Quynh-Tu et son équipe de France-Asie  ont produit et réalisé "Anh và Em, voi Nui voi Sông" signifie textuellement "Toi et Moi, avec les Montagnes et les Fleuves", ce qui veut dire en terme imagé:
"Notre Amour et notre Patrie" .


Thème frappant qui me fait penser aussitôt à celui de la légende de My-Châu Trong Thuy que j'avais écrite (paroles et musique) il y a fort long-temps déjà mais dont j'ai fait la découverte seulement en 1985, consécutivement à une rencontre à Paris avec Huyên Tôn Nu Quynh-Tu qui m'a aimablement restitué en quelque sorte mon texte perdu depuis sa publication dans le tourbillon de la guerre.

Notre Amour est-il plus fort que Notre Amour Pour La Patrie ?

Voilà la trame de l'histoire (qui est aussi celle de notre peuple) et à travers les méandres de laquelle s'était déroulé le drame (il y a plus de 2300 ans):

La princesse My-Châu a trahi sans le savoir le Roi An-Duong-Vuong en révélant à son mari Trong-Thuy qui venait d'une famille ennemie, le secret de l'Arbalète Surnaturelle grâce à laquelle son royal Père a j'usque-là réussi à repousser des armées étrangères qui tentèrent d'envahir le Royaume Au-Lac.

Dans la fuite à cheval avec son père vaincu cette fois-ci par les troupes chinoises de Triêu-Dà et qui l'a prise en croupe, la Princesse trahit sans le savoir - encore une seconde fois, toujours par amour - en répandant du duvet d'oie de son manteau de brocart sur le chemin afin que son mari Trong-Thuy (fils du général chinois) pût les suivre à la trace.

Elle paya cette double trahison au prix de sa vie...

Texte de Lê Mông Nguyên

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Cliquez ici pour ecouter l'Extrait du chant My Châu Trong Thuy
troisième titre de l'album
"Quynh-Tu
, Vietnam: Passions et Rêves"
"Anh và Em, voi Nui voi Sông"
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Les passions, comme la vie, ne trouvent pas toujours des fins heureuses.
Rencontres, séparations et parfois la mort, parsèment de fatalité le chemin de ceux qui cherchent à s'unir.

Les perles de la Princesse My Châu

Il y a des siècles et des siècles de cela, le roi An Duong Vuong régnait sur le pays qui se trouve dans le delta du Fleuve Rouge.
Le souverain du pays voisin convoitait ce royaume et attaqua An Duong Vuong pour annexer ses terres aux siennes. Mais la victoire ne lui fut pas accordée, et, pour finir, ce fut An Duong Vuong qui rassembla les deux royaumes en un seul, nommé âu Lac.

Peu après, le roi décida d'édifier une fière citadelle en signe de son pouvoir et de sa grandeur.

" Les murs devront être plus durs que du granit et ne devront pas seulement résister aux attaquants ", déclara-t-il aux ouvriers, " mais aussi à toutes les forces de la nature réunies. "

La construction commença, et progressa à une allure prodigieuse. Pourtant, un jour, une chose incroyable se produisit : les murailles presque terminées s'effondrèrent en l'espace d'une nuit.

" Comment cela a-t-il pu arriver ? " demanda le roi. " Est-il possible qu'il ne reste plus de mes remparts qu'une poignée de gravats ? "

" ô seigneur ", répondit l'un des ouvriers, " nous avons entendu cette nuit, du côté des murailles, un vacarme si étrange et si épouvantable qu'aucun d'entre nous n'a osé aller voir de quoi il s'agissait. "

An Duong Vuong prit un air sombre et ordonna de reprendre la construction. Mais le lendemain les mêmes événements se reproduisirent. Et quand les murailles s'écroulèrent pour la troisième fois, le roi fut bien obligé d'admettre que ce phénomène dépassât l'entendement humain. Il demanda conseil au Ciel. La nuit suivante, un vieillard lui apparut en rêve et lui dit. : " Demain matin à l'aube, rends-toi au bord du fleuve et appelle mon envoyé dans les Mers du Sud, la Tortue d'Or Kim Qui. Elle seule peut te venir en aide. "

A son réveil, le roi ordonna tout d'abord d'offrir un sacrifice à l'Empereur du Ciel car cela ne pouvait être que lui qui l'avait conseillé dans son rêve, puis il se rendit au bord du fleuve. Dès que le soleil jeta ses premiers rayons sur le miroir du Fleuve Rouge, la Tortue d'Or émergea des eaux. Sa carapace resplendissait d'un tel éclat que le roi dut se protéger les yeux de la main pour ne pas en être aveuglé.

La tortue s'approcha de la rive à la nage. Là, elle se changea en vieillard et dit :

" Je suis Kim Qui, et je t'apparais pour écouter tes prières. "

An Duong Vuong se prosterna avec respect. Sa voix si forte d'habitude, et faite pour commander, devint humble et craintive quand il implora : " S'il est en ton pouvoir de m'aider à construire ma citadelle, à Envoyé des Mers du Sud, je te supplie de le faire. Mon peuple et moi-même t'en saurons gré à jamais ! "

Le Vieillard eut un sourire amical et répondit d'une voix éclatante : " Tes projets, mon cher roi, sont contrecarrés par un méchant démon qui se cache dans la montagne Thât Diêu sous la forme d'un coq blanc. Grâce à ses pouvoirs magiques, il règne sur les âmes des défunts qui n'ont pu gagner le royaume souterrain à cause de leurs méfaits passés, et il leur a ordonné de détruire ton édifice. Lui-même, chaque nuit, rend visite à la ravissante fifre du bûcheron qui demeure au pied du Thât Diêu.

C'est là que tu pourras peut-être te défaire de lui, si tu emmènes avec toi tes plus valeureux guerriers. "

Le roi suivit le conseil de Kim Qui. Le soir-même, accompagné du génie, il frappa à la porte du bûcheron et lui demanda asile pour la nuit.

Peu avant minuit, un fort bruit de pas résonna dehors et des coups violents furent frappés au mur de la cabane. La même chose se reproduisit à l'aurore, mais An-Duong avait alerté entre-temps ses soldats cachés tout autour de la maison. Des centaines de flèches déchirèrent les airs, et une plainte horrible indiqua qu'elles avaient touché leur but. Quand le soleil se leva et qu'il fit plus clair, un moment plus tard, les soldats ne trouvèrent autour de la cabane que des ossements gigantesques.

" Brûlez ces os et répandez les cendres à tous les vents ! " ordonna Kim Qui. Ensuite, se tounant vers le roi, il ajouta : " Nous avons gagné, et plus aucun sortilège n'empêchera la construction de la citadelle. Mais tiens-toi sur tes gardes, d'autres dangers peuvent venir des hommes. "

Après quoi le génie regagna le fleuve, escorté par An Duong Vuong. Le roi l'assura de sa reconnaissance éternelle et le pria de veiller sur lui jusqu'à la fin des temps.

" Je sais à quel point tu désires la paix ", répondit Kim Qui. " C'est pourquoi je tiens à te faire un autre présent, même si j'ai tout lieu de redouter qu'il ne t'apporte pas que du bonheur. " Cela dit, l'Envoyé des Mers du Sud tendit au roi une griffe de tortue et déclara : " Sers-toi de cette griffe pour construire une arbalète. Elle te permettra de tuer mille ennemis d'une seule flèche. Mais tu devras veiller sur le secret de cette arme comme sur la prunelle de tes yeux"

Avant même que le roi ait pu le remercier de ce cadeau, Kim Qui avait disparu.

A dater de ce jour-là, la citadelle poussa plus vite que le riz après la mousson.

Bientôt le donjon fut entouré par trois remparts dont la forme évoquait celle d'une gigantesque coquille d'escargot. Aussi, quand la construction fut terminée, An Duong Vuong la baptisa-t-il " Citadelle de l'Escargot ".

Il advint alors que le puissant roi Triêu Dà voulut à son tour s'emparer du grand royaume d'âu Lac. Les armées ennemies déferlèrent sur le pays. Seules les murailles de la Citadelle de l'Escargot leur résistèrent. Le roi An Duong Vuong en personne monta sur les créneaux, l'arbalète magique à la main. Il mit une flèche en place et tira : à la même seconde, mille ennemis tombèrent morts sur le sol et le reste prit la fuite. Triêu Dà dut battre en retraite, vaincu. Toutefois, comme il n'avait jamais été battu avant ce jour-là, il admit très mal cette défaite et jura de se venger.

Dès qu'il fut rentré chez lui, il convoqua ses meilleurs astrologues et ses meilleurs magiciens et leur demanda conseil. Ils lui répondirent :

" Sache, notre Roi, que ton ennemi An Duong Vuong possède un puissant sortilège. Aucun bras humaine peut rien contre cette arme, et une armée entière est sans pouvoir contre elle. Tu ne pourras le vaincre que par la ruse. "

Triêu Dà en blêmit de rage et d'envie. C'est alors que son fils, le prince Trong Thuy, intervint et dit : " Père, laisse-moi m'introduire dans le royaume ennemi. Une fois là-bas, je trouverai certainement un moyen de te venger. "

" Jamais! " répondit le roi. " S'ils te reconnaissent, ils te tueront et je perdrai ainsi mon fils unique "

" Les magiciens ne viennent-ils pas de dire que nous vaincrons An Duong Vuong par la ruse ? Je ne me rendrai pas chez lui en secret, ni comme ennemi, mais je m'annoncerai au contraire comme messager de paix et mes lèvres ne prononceront que des paroles d'amitié. Si je parviens à gagner les faveurs de sa fille, la princesse My Châu, j'arriverai peut-être, avec le temps, à connaître le secret du roi. Alors, mon père, tu tiendras ta vengeance ! "

Quand Triêu Dà vit avec quel enthousiasme le prince exposait son plan, il finit par céder. Il lui donna une nombreuse escorte et des cadeaux somptueux pour An Duong Vuong.

An Duong Vuong, dénué de toute malice, se laissa bien vite séduire par les discours pleins de miel de Trong Thuy. La princesse, elle, se laissa charmer par ses beaux yeux et l'on ne tarda pas à célébrer les noces. Des noces qui devaient, du moins An Duong Vuong le croyait-il, sceller une paix éternelle entre les royaumes voisins.

Jour après jour, le prince était plus amoureux de sa jeune femme. Mais cela ne lui faisait pas oublier la véritable raison de sa venue, ni la promesse qu'il avait faite à son père. Un soir, alors que les premières étoiles s'allumaient au firmament, Trong Thuy et My Châu sortirent se promener sur les terrasses du palais. La princesse s'avisa soudain que son époux semblait soucieux et malheureux. Ses traits dénotaient une vive douleur, et cela l'inquiéta profondément.

" Est-ce que quelque chose te manque, mon bien-aimé ? " lui demanda-t-elle.

" Ah, mieux vaudrait que tu ne cherches pas à le savoir, car la réponse risque de te contrarier ", répondit le prince d'un air abattu. Mais la jeune femme insista si bien qu'il finit par lui avouer la vérité. " Je pensais que tu m'aimais et que tu me faisais une entière confiance ", déclara-t-il. " Pourtant, je vois bien que je ne suis toujours pour toi qu'un étranger et un ennemi. On se méfie de moi. Je n'ai même pas le droit d'approcher de la tour qui abrite le secret de la puissance de ton père ! "

" Ah, ce n'est donc que cela ! " s'écria My Châu, soulagée. " Je craignais déjà que tu ne sois gravement malade. Viens, je vais te prouver l'ampleur de mon amour ! "

Elle prit son mari par la main, ouvrit elle-même la porte de la tour et lui montra l'arme magique.

Maintenant qu'il connaissait le secret, ce fut un jeu d'enfant pour le prince d'attendre une occasion favorable et de troquer l'arbalète contre une autre en tout point semblable.

Quand ce fut fait, il déclara un jour au roi An Duong Vuong : " Il y a bientôt une année que j'ai quitté ma patrie. Je sais que mon père s'est montré coupable envers vous, mais je n'en demeure pas moins son fils. En outre, la paix règne maintenant entre vos deux royaumes, scellée par mon mariage avec la princesse My Châu. C'est pour quoi je vous prie de me laisser retoumer chez moi quelque temps. Je promets de revenir bientôt. "

An Duong Vuong écouta le prince avec amitié et lui donna son accord. Alors Trong Thuy alla trouver son épouse pour prendre congé d'elle.

" Je te quitte à regret ", dit-il en l'étreignant pour la demière fois. " Un sombre pressentiment me serre le coeur. "

" Ne t'inquiète pas pour moi ", chuchota My Châu. " Promets-moi seulement de revenir bien vite. "

Trong Thuy s'en alla à cheval. Conformément à sa promesse, il revint bientôt.

Mais pas seul ! Il revint au côté de son père, et à la tête d'une immense armée qui sema la mort et la désolation dans le pays tout entier. An Duong Vuong, sûr de sa victoire, ne prit pas la peine de rassembler ses soldats. Il attendit que les ennemis se tiennent devant les murailles de la citadelle, prit son arbalète et monta sur les créneaux. Il tendit la corde, mit sa flèche en place et tira. Mais rien ne se produisit.

" Je suis perdu ! " murmura-t-il, abasourdi. Les premiers guerriers prenaient déjà d'assaut les remparts du palais. Le roi retouma en courant dans la citadelle, saisit sa fille par la main et s'enfuit avec elle par un corridor souterrain. Parvenus à l'extérieur, ils montèrent sur un cheval et prirent au grand galop la direction de la côte.

Arrivé sur les rives de la Mer Jaune, An Duong Vuong s'arrêta et cria si fort que sa voix couvrit le bruit des vagues : " Kim Qui, mon sauveur, mon protecteur, apparais moi ! "

La Tortue d'Or émergea des flots, contempla tristement le roi et déclara : " Si tu cherches le traître qui t'a perdu, sache qu'il est assis derrière toi ! "

An Duong Vuong se touma vers la princesse et comprit tout.

" Comment as-tu pu trahir ton propre pays, malheureuse ! " s'écria-t-il, au désespoir. Puis il tira son épée et la lui plongea dans le coeur.

Après quoi le roi s'enfonça dans la mer avec la Tortue d'Or. Depuis, plus personne n'a jamais entendu parler de lui.

Entre-temps, Trong Thuy avait lui aussi atteint le bord de la Mer Jaune sur son cheval couvert d'écume. Ses yeux privés de larmes aperçurent aussitôt le mince filet de sang qui se mêlait aux vagues.

Il enterra My Châu sur la plage, mais à dater de cette heure-là son âme ne connut plus un instant de repos.

Il regretta amèrement d'avoir laissé sa piété filiale prendre le pas sur son amour conjugal.

Il était trop tard. En vain, son père essaya-t-il de le consoler en lui rappelant leur glorieuse victoire.

Un jour, terrassé par la douleur, le prince mit lui-même un terme à son existence en

se jetant dans un puits profond.

Bien que des siècles et des siècles se soient écoulés depuis, on trouve encore aujourd'hui, à l'endroit où la pauvre princesse est morte, de merveilleuses perles roses teintées par le sang de cette épouse trop-aimante. Ce sont les perles de My Châu.

Pour qu'elles conservent tout leur éclat, il faut les plonger dans l'eau claire du puits où Trong Thuy, jadis, s'est noyé.

Muc Kien Lien

La fête Vu-Lan (Pardon des Trépassés) vient avec la pleine lune du 7eme mois.

C'est le jour ou chacun prie pour expier les péchés de ses parents disparus, ainsi que ceux des âmes errantes.

La légende raconte qu'un nommé « Muc-Kiên-Liên», dit La Bôc, était doué d'une grande intelligence et faisait preuve d'une piété exemplaire à l'égard de ses parents.

Très jeune, il avait perdu son père, et il lui restait une mère cruelle et cupide. Muc-Kiên-Liên, devant la conduite indigne de sa mère, promena sa peine aux quatre coins du monde.

Grâce à son travail et à ses qualités d'ordre et d'économie, il devint riche : il envoya à sa mère une grosse somme d'argent, qu'elle dilapida très rapidement.

Afin de tromper son fils, elle se réfugia dans l'enceinte d'une pagode, et lui fit croire que son argent était dépensé en oeuvres saintes et en secours charitables.

Quand il rentra au village, Muc-Kiên-Liên apprit la triste vérité et s'effondra de douleur.

Quel-que temps après, sa mère mourut. Il bâtit alors une chaumière près du tertre funéraire et en fils pieux y vécut trois années consécutives pour porter son deuil et fleurir la dernière demeure de la défunte.

Il se rendit ensuite au pays de Bouddha pour l'implorer de le prendre comme disciple.

Il se fit tondre les cheveux, prit l'habit de bonze et se vit confier la direction de la pagode de La-Bi située en pleine forêt de Quit-Son.

Un jour, il lui vint l'idée de se rendre à la Pagode Thiên-Thai où étaient détenues les âmes des morts non encore réincarnées. Il y trouva l'âme de son père, mais celle de sa mère n'y était pas.

Il pleura abondamment, quand Bouddha lui fit savoir que sa mère était encore enchaînée dans l'Enfer, pour purger les innombrables péchés commis de son vivant. Il obtint de Boudha la permission d'aller lui rendre visite et il put ainsi assister aux scenes de tortures atroces auxquelles sa mère était soumise.

Alors Muc-Kiên-Liên s'empressa de revenir sur Terre et se jeta encore une fois aux pieds de Bouddha pour lui implorer son pardon.

Emu par tant de piété filiale, Bouddha lui enjoignit l'ordre de venir à Vuong-Xi et là il retrouva sa mère réincarnée, mais en une chienne qui vint lui lécher les mains en guise de remerciement.

Usant de ses pouvoirs de Bienheureux, Muc-Kiên-Liên redonna à sa mère la forme humaine et il lui enseigna la religion.

Des années s'écoulèrent, jusqu'au jour où sa mère repentante put enfin sortir de l'Enfer. Muc-Kiên-Liên s'empressa de la suivre.

Depuis lors, pour récompenser la piété de l'enfant et réhabiliter la mère, une rémission générale de peine est accordée par le Saint Bouddha à chaque famille, jusqu'à la 7e génération antérieure.

Sông Ngân Hà - Câu ô Thuoc

Le Bouvier et La Princesse, fileuse de soie


La Fête Thât-Tich (Sept Obscur) ou du Double Sept (7e jour du 7e mois), commémore le souvenir des amours malheureux du Bouvier et de la Filandière.

Lui était gardien de buffles, mais plein de prétention, puisqu'il osait aimer la propre fille de l'Empereur de Jade.

Informé de cet amour, l'Empereur permit cependant l'union des jeunes gens et leur accorda généreusement sa bénédiction

Mais les deux amoureux se donnèrent entièrement à leur passion, délaissant ainsi l'un, son travail de bouvier et l'autre son occupation de fileuse de soie.

Cette conduite leur valut le grand courroux céleste et l'Empeur sépara les deux amants en traçant entre eux l'immense Voie Lactée. Mais tous les ans, au 7e jour du 7e mois, il leur accorda la permission d'une brève rencontre- sur le pont O-Thuoc jeté par dessus la Rivière Argentée (Ngân-Hà) par la grâce des Corbeaux, Aussi, à cette époque de l'année, la tête des Corbeaux se dégarnit-elle de plumes à force de porter les cailloux destinés à la construction du Pont de la Brève Rencontre.

Et tous les ans, aux jours qui précèdent la Fête, la filandière, tout heureuse du bonheur en perspective, travaille avec une célérité telle qu'elle inonde le ciel de flocons de soie blanche et veloutée, appelés « fils de la Vierge ».

Le soir de la rencontre, elle pleure son éphémère bonheur, et ses larmes perlées tombent sur la terre sous la forme d'une pluie fine et bien faisante, appelée « Mua Ngâu », ou Pluie du Bouvier.


Tao Quân - Dieux Lares

Au 23e jour de la 12e lune, on fête à nouveau les Tao-Quân (Dieux Lares), juste avant le retour du Nouvel An, et le cycle recommence.

Mais ces Dieux Lares qu'on fête ont aussi leur légende. Leur histoire commença par celle d'un ménage sans enfant, où l'amour s'était refroidi et les disputes devenues si fréquentes que la femme partit un jour pour fonder un autre foyer.

Le mari pris de remords partit à sa recherche ; il arriva ainsi un jour au crépuscule devant la nouvelle demeure de son épouse. Epuisé, il s'affaissa sur le seuil, les vêtements en haillons et la face ravagée par les privations multiples.

Alors la femme profondément touchée, le cacha dans une meule de foin, en attendant de pouvoir trouver un arrangement pour revenir à son ancien foyer.

Entretemps, le nouveau mari rentra au logis et, en préparant la fumure pour son travail du lendemain, mit accidentellement le feu à la meule.

Alertée par les flammes, l'épouse se précipita dans le brasier pour essayer de sauver son ancien conjoint.

Le nouvel époux, ne comprenant rien à un tel geste, se jeta dans le feu à son tour pour tenter de sauver sa femme.

Et tous les trois moururent carbonisés: c'était la volonté d'un destin implacable, et le peuple les immortalisa sous les espèces d'un trépied de fourmeau, en souvenir de leur amour tragique.


Les Dieux roulés par Trang Quynh

(Trang Quynh: symbole de la révolte contre la classe dominante)

Dans l'ancien Vietnam, la coutume voulait que les candidats aux concours pour les grandes universitaires fissent avant le jour des épreuves, des offrandes aux Génies afin de solliciter leur protection.
Trang Quynh ne croyait guère aux Génies. Mais ses parents ne voulaient pas que leur fils encourût la colère divine et qu'à cause de cela, le chemin des honneurs lui fût fermé.
Trang Quynh fit donc que ses parents lui disaient de faire. Mais l'argent qu'on lui avait donné pour acheter le nécessaire, il l'avait tout mangé.
Il entra les mains vides dans le temple qui abritait un Génie réputé puissant, se prosterna et fit cette prière: "O puissant Génie! Pauvre, je ne puis rien t'offrir pour le moment. Mais si tu daignes étendre sur moi ta protection pour que je passe brillamment mes examens, je t'offrirai une vache, foi de Quynh".
Et il fut reçu cong sinh ( Grade universitaire équivalant à celui de licencié)
Se souvenant alors qu'il avait à s'acquitter envers son Génie protecteur, Trang Quynh alla emprunter une vache avec son petit qu'il emmena au temple.
A la table sur laquelle était placée l'idole, il attacha la vache et laissa le veau en liberté.
Puis il se prosterna devant l'autel
- Merci ô Génie, dit-il, qui, de ta protection efficace, as assuré mon succès aux examens.
Voici la vache que je t'ai promise. Accepte-la!
Cela dit, il se retira.

La vache voyant son petit s'éloigner d'elle, s'élança à sa poursuite, entraînant la table à laquelle elle était attachée.

Les objets de culte, y compris la statuette, dégringolèrent avec fracas

-Quoi? s'écria Trang Quynh en se retournant. Tu as pitié de ma pauvreté, à Dieux de la Miséricorde, et me renvoies l'offrande? Bon!   Que ta volonté soit faite !
Il remis la table sur les pieds, releva les objets de culte et la statuette, détacha la vache et l'emmena.

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