Tout a commencé par un événement très poétique : au 13ème siècle, la princesse Huyên Trân s'est mariée au roi Champa nommé Chê Mân. Ce mariage historique apporta deux provinces O et Ly au territoire du Vietnam et lui donna aussi la province Thuân Hoa (Huê d'aujourd'hui) quelque temps plus tard. Trois siècles après, en 1558, le Duc Nguyên Hoàng, voulant échapper aux conflits meurtriers entre les mandarins de la cour royale de Thang Long (Hanoi d'aujourd'hui), traversa le col Ngang pour venir s'installer à Thuân Hoa. Dans ce territoire encore sauvage et dangereux, Nguyên Hoàng fonda la Dynastie de neuf seigneurs Nguyên au Sud. Durant deux cent ans de développement du Sud, tous les Seigneurs Nguyên s'installaient à Thua Thiên - (Huê d'aujourd'hui): Kim-Long (1636), Phu Xuân (1687), Bac Vong (1712) devenaient successivement les capitales d'une région jeune et riche. En 1744, Phu Xuân fut restauré et devint officiellement une capitale. La solide et merveilleuse citadelle Phu Xuân était considérée, jusqu'à 1786, comme le coeur du Sud, et cette année éclata la révolte des Tây Son. La Dynastie de Tây Son s'affaiblit, Nguyên Anh, le successeur des seigneurs Nguyên, s'empara de la capitale Phu Xuân, et y établit la nouvelle Dynastie des rois Nguyên. Une nouvelle citadelle fut construite pour remplacer l'ancienne capitale Phu Xuân détruite; ce fut La Citadelle de Huê qui existe toujours. Cette Citadelle, construite par Gia-Long Nguyên Anh en 1801 et restaurée plus tard par le roi Minh-Mang, est un monument historique de grande valeur dans tous les domaines, et un héritage précieux légué par plusieurs générations. Cette construction bénéficia de la quintessence artistique de la culture de Phu Xuân et des ressources humaines et matérielles mises en commun dans ce pays. Malheureusement, endommagés par les deux guerres et les intempéries, certains pavillons et palais n'ont pas gardé leur aspect original. La Cité Impériale, bien que toujours en place avec son charme et son architecture caractéristique, a perdu cependant l'aspect grandiose et magnifique de l'époque. |
La Citadelle est l'endroit où se situe la capitale de la Dynastie Nguyên. Au début, sur l'ordre du roi Gia-Long vers mars 1805 (année lunaire : At Suu), la construction en terre fut commencée. Treize ans après (1818), les deux parties du Sud et 'Ouest de ce rempart furent refaites en briques, et quelques temps après la partie Nord. Celle de l'Est fut achevée pendant la 2ème année du règne de Minh-Mang (1821). La Citadelle est carrée, fortifiée par une enceinte en briques de 10 km de pourtour, haut de 6m et épaisse de 20 m. Elle est gardée par un canal large de 23 M environ, et profonde de 10 m. A l'extérieur de la Citadelle, vers le Nord-Est, se situe un autre rempart qui servit de forteresse pour protéger la zone donnant accès au port de Thuân-An. Ce rempart est nommé Trân Binh Dai (Bastion de protection), appelé populairement Bastion de Mang-Ca. La Citadelle de Huê est percée de dix grandes portes : 4 devant, deux derrière et 2 pour chaque côté. Telles sont: Quatre portes devant : La porte du Sud-Est, nommée Thuong-Tu, fut construite en 1829 toutes les quatre portes devant furent bâties dans la même année). La porte de Thê Nhon est nommée populairement "Cua Ngân" (sous l'époque de Gia-Long, elle fut appelée Thê Nguyên. On la nomme Thê Nhon seulement depuis 1829). (Ngân veut dire "interdit" : autrefois le roi ordonna de construire un mur pour empêcher le peuple de regarder les personnes sortant de la cité interdite par cette porte pour aller à la rivière des Parfums. La porte de Quang-Duc, détruite en 1953 par l'inondation, porte donc le nom populaire "sâp (tomber). Après la chute de l'ancienne cité, le roi Hàm Nghi, sa mère, la Reine de la Cour Royale sortaient par cette porte et longeaient la rivière des Parfums pour aller à la pagode "Thiên Mu" (La Dame Céleste) sur la route de Quang-Tri.) La porte de Chinh-Nam (porte principale du Sud), nommée populairement Nhà Dô. Ce fut ici que les seigneurs de Nguyên bâtirent le trésor d'Etat. Sous le règne Gia-Long, on y déposa les armes, d'où le nom Nhà Dô (dépôt) Deux portes au Nord La porte de Chinh-Bac (porte principale du Nord), nommée populairement Hâu, fut bâtie en 1820. La tour de guet (Vong Phu) fut construite en 1831. La porte du Nord-Ouest s'ouvre vers le village An-Hoà. (bâtie aussi en 1820) Les deux portes de l'Ouest sont: Chinh Tây et Tây Nam. Elles s'appellent aussi "Portes à droite" car elles se trouvent à droite de la Citadelle. Les deux portes de l'Est construites en 1809 et surmontées chacune d'une tour de guet bâtie en 1924. Ces portes s'appellent Chinh Dông (nommé populairement "Dông Ba") et Dông Bac dont le nom populaire est "Ke Trai". En plus de ces dix portes, il existe une porte supplémentaire nommée Thai Binh Môn, qui s'ouvre vers Trân Binh Dai. Celle-ci est trouée par une porte ayant le nom Tuong Dinh ou Trêt (basse car elle n'est haute que 5 m). Il n'y a pas de guet. Au milieu, vers le Sud de la Cité Impériale se situe la grand tour du drapeau. Autour et sur la grande enceinte, il y a 24 forteresses destinées à la défense. |
Située au centre de la Citadelle, La Cité Impériale était le quartier
où résidaient les bureaux les plus importants. Il y a une zone dédiée au culte des seigneurs et des rois de la Dynastie des Nguyên. La Cité Impériale (Hoàng Thành) a aussi un autre nom : "Dai Nôi" (Le Grand Intérieur). Construite en 1804, la Cité a un pourtour rectangulaire d'environ 2456 mètres de périmètre, 606 mètres de large du Nord au Sud et 622 mètres de long de l'Est à l' Ouest. La Cité Impériale a quatre portes, la porte Ngo Môn est la porte principale (porte du Midi), à gauche la porte de Hiên Nhon (porte de l'Humanité), à droite la Porte de Chuong Duc (porte de la Vertu) et derrière est la porte de Hoa Binh (porte de la Paix). Tout le pourtour de la Cité est protégée par le canal Kim-Thuy (métal et eau). Au nord l'eau de ce canal déborde la rive et entre jusqu'aux lacs dans la Cité Impériale. Devant chaque porte, le canal Kim-Thuy est traversé par un pont en pierre. Toutefois, devant la porte de Midi, il y a trois ponts dont celui du milieu, en granit blanc, était toujours réservé au Roi. Tous les mandarins militaires et civils étaient obligés d'emprunter les autres ponts, dallés en briques. Tous les ponts portent le même nom : Kim Thuy Kieu (métal-eau pont) |
La Tour du Drapeau est le point central de la Ville de Huê, nommée populairement "La colonne du Drapeau". Vue de la Cité impériale, cette tour ressemble à une grande forteresse constituée de trois bases pyramides superposées. Construite en octobre 1807 sous le règne de Gia-Long, elle fut agrandie et embellie par le roi Minh-Mang selon le document Thuc Luc, (la chronique de la dynastie des Nguyên). La Tour du Drapeau est haute de 17m40, composée de trois étages: dont la superficie décroît de bas en haut : le premier de 5m60, le deuxième de 5m80, le troisième de 6m. Sur ce bastion en brique sont installés huit canons. Il y a deux petites forteresses sur chacun des deux côtés du 3ème étage. Au début la colonne était en bois. Composée de deux pièces, elle était haute de 29m52. En 1846, à cause de sa laideur, le roi Thieu-Tri la remplaça par une autre. Sous l'époque du roi Thành-Thai, elle fut brisée par le typhon en l'année lunaire Thin (1904). Avec l'aide des Français, on a refit une autre en fonte. L'armée française est revenue 43 ans plus tard (1947) : elle fut encore brisée une fois par la guerre. En 1948, on en reconstruisit une autre en béton, haute de 37m, constituée det quatre parties dont les trois supérieures portent chacune une barrière. La 4ème est la plus basse qui se repose sur une terrasse en ciment à laquelle on accède par de nombreuses marches. De bas en haut, cette colonne est fixée par des barres de fer servies comme un escalier. Sous l'époque des rois Nguyên, au sommet de la Tour flottait tous les jours un drapeau jaune. Aux jours de grande fête (par exemple la Fête Nationale, appelée la Cérémonie de Culte Nam-Giao), on montait un drapeau long de 4m large de 3m60 fait en peau de mouton ou en brocard brodé au milieu d'un dragon et dentelé à sa périphétie. |
Phu Van Lâu était un
pavillon où on exposait les édits des rois et les résultats des concours nationaux Hôi
et Dinh (Licence et Doctorat). Phu Van Lâu se situe juste devant la Tour du Drapeau au bord de la route nationale numéro 1, traversant la ville de Huê. C'est un beau et élégant pavillon qui s'ouvre vers le Sud. En face de Phu Van Lâu, s'étend une large cour qui donne accès au pavillon Nghinh Luong, situé au bord de la rivière des Parfums. Phu Van Lâu fut construit sous l'époque de Gia-Long (1819), mais ce n'est que sous le règne de Minh-Mang, qu'il fut choisi comme lieu d'exposer des édits du Roi. Après la déclaration officielle au palais de la paix suprême ou sur la porte du Midi, ces édits, mis sur un palanquin protégé par un parasol, étaient portés au pavillon Phu Van Lâu par des gardes royaux. Tous les mandarins de la province de Thua Thiên, accompagnés par des milliers de gens âgés, venaient se prosterner devant ces édits. Depuis 1821, après la déclaration en public, la liste des noms des lettrés agrégés y fut fixée. En raison du caractère solennel de cet endroit, deux stèles en marbre gravées de caractères chinois avec ces mots "Khuynh Cai ha Ma" (Descendre du cheval et incliner le chapeau) furent dressées à deux côtés de ce pavillon, afin de rappeler aux passants de saluer ces édits avec respect. Le roi Thiêu Tri considérait la rivière des Parfums et le Pavillon Phu van Lâu comme deux parmi les 20 sites typiques de l'ancienne capitale impériale du Vietnam. En 1843, il fit construire à droite de ce pavillon une stèle gravée de son poème dit "Huong Giang Hiêu Phâm" (Un matin en bateau sur la Rivière des Parfums). En 1847, à l'occasion de sa 40ème anniversaire, le roi Thiêu-Tri invita 773 vieillards dont les âges additionnés atteignaient 59017 ans. Le roi en personne vint accueillir le plus âgé, qui avait plus de 100 ans. Tous les autres furent invités à manger pendant trois jours. Le typhon de l'année lunaire Thin (1904) détruisit tout ce pavillon. Le roi Thành Thai devait en construire un autre tout à fait identique. |